À l’occasion du Mois de la Fierté, Dina Baxevanakis parle des valeurs qui animent Shop Velanidi et de son parcours de petite entreprise.
L’IMPORTANCE DE LA FIERTÉ
Le Mois de la Fierté, c’est l’occasion de sensibiliser aux luttes passées et présentes tout en célébrant la beauté et la riche histoire de la communauté LGBTQ2S+. Aujourd’hui, l’affirmation et la fierté queer coïncident avec notre liberté d’expression personnelle, en particulier par notre style et nos vêtements, la visibilité faisant partie intégrante de l’expérience LGBTQ2S+. Je suis très honorée que mes boucles d’oreilles aient été adoptées par la communauté.
Je suis animée par l’art queer, qu’il soit inspiré de drag queens, de musiciens ou d’autres artistes ou créateurs visuels. Le dynamisme et l’excentricité de l’expérience queer sont tellement beaux; ils sont la lumière qui illumine mon travail. Au milieu des luttes systémiques auxquelles la communauté LGBTQ2S+ fait face, les célébrations de la Fierté montrent des personnes qui célèbrent, se rassemblent, sensibilisent et propagent du bonheur. Le courage et la ténacité de combattre l’oppression existent côte à côte avec une ouverture à célébrer nos différences. Les deux sont nécessaires.
UNE MARQUE AYANT UN OBJECTIF
Shop Velanidi est une entreprise de bijoux fabriqués à la main, spécialisée dans la création de ce que j’appelle affectueusement des « boucles d’oreilles lesbiennes ». Ce type d’accessoires, plutôt éclaté, gagne en popularité dans les médias sociaux, parce que de plus en plus de personnes se sentent à l’aise d’exprimer leur authenticité. L’époque où tous devaient suivre les mêmes diktats ennuyants en matière de style et d’intérêt est révolue!
Après le décès de mon grand-père, je me suis mise à porter uniquement des vêtements colorés. J’associais les couleurs sombres au deuil. En plus, mon grand-père avait détesté mon style emo. Je suis devenue obsédée par la mode excentrique. Shop Velanidi est en quelque sorte un hommage à l’esprit créatif de mon grand-père – il cueillait des glands de chêne et en faisait des pendentifs pour mon frère et moi. C’est de là d’ailleurs que vient le nom de mon entreprise; « velanidi » veut dire « gland » en grec. Mon grand-père serait très fier des boucles d’oreilles que je fabrique et de leur popularité. Des gens de partout dans le monde m’écrivent pour dire comment elles leur donnent confiance et comment elles leur ont permis de créer des amitiés avec des personnes qui les remarquaient et les complimentaient. Bâtir une communauté et connecter les gens est au cœur de ma marque. Mon objectif ultime est de créer de l’art portable qui rassemble les gens.
Quand je demande aux membres de ma famille s’ils pensaient que j’exploiterais un jour ma propre petite entreprise artistique, ils me répondent que oui. Je crois qu’ils ont toujours perçu que je ferais carrière dans quelque chose de créatif, mais même moi, je n’avais jamais imaginé que je gagnerais ma vie en vendant en ligne des petites boucles d’oreilles ludiques en forme d’aliments… surtout pas quand la pandémie a frappé.
DÉMARRER UNE PETITE ENTREPRISE PENDANT LA PANDÉMIE
Finir l’université avec un baccalauréat en design était déjà assez angoissant (sans parler de trouver ma voie dans une industrie qui n’en a pas encore fini avec ses vieilles pratiques d’exclusion), obtenir mon diplôme au milieu d’une pandémie était carrément terrifiant. Je me disais : « Qui va se soucier de jolies choses quand les gens tombent malades et que les entreprises ferment leurs portes? » Malgré le nombre de listes et de cartes heuristiques que je dressais, je n’avais ni direction ni plan. C’est alors que j’ai commencé à jouer avec l’argile polymère. C’était à la fois une façon de passer le temps et de libérer de l’énergie créative. Heureusement, j’ai découvert en naviguant sur Internet pendant le confinement que l’art n’avait jamais été si important pour le bien-être mental de chacun et pour la connexion avec les autres. J’ai donc mis toute mon énergie dans Shop Velanidi. C’était de l’énergie anxieuse, on s’entend, mais ça s’est aussi avéré une méthode de distraction efficace. On connaît la suite!
CONSEILS AUX PETITES ENTREPRISES
Le meilleur conseil que je puisse donner à quiconque veut démarrer une petite entreprise est d’être patient et confiant. Peu de temps après avoir lancé Shop Velanidi, j’ai créé une page Instagram et TikTok pour la boutique et j’ai commencé à publier, à partager et à expérimenter. J’ignorais comment créer du contenu vidéo et encore aujourd’hui, je déteste prendre des photos de produits (tous deux essentiels dans les médias sociaux). À force de tâtonnements, j’ai réussi à définir mon identité de marque : couleurs primaires, fruits, photos éclatantes et boucles d’oreilles que porterait tout professeur d’art. Ce fut lent, mais la vidéo que j’ai publiée sur TikTok me montrant en train de fabriquer mes boucles d’oreilles en forme d’orange dans un sac en filet a fini par devenir virale. N’empêche que même avec mon idée (que j’ai d’ailleurs toujours trouvée assez cool et unique, je l’avoue), il a fallu un certain temps avant d’attirer une attention digne de mention.
J’ai fait face à de nombreux obstacles frustrants, comme la lutte contre les algorithmes, la courbe d’apprentissage de la création de contenu et l’éternel syndrome de l’imposteur. Il faut croire en soi et en son travail. Par-dessus tout, il faut créer un contenu attrayant et cohérent! Après un temps, d’autres adhèrent à notre baratin. À l’heure qu’il est, j’essaie d’éviter l’épuisement professionnel en inscrivant à mon horaire des pauses et des moments de mieux-être. Le parcours est long et incertain, mais ô tellement gratifiant. Grâce à Velanidi, j’ai rencontré une foule de gens formidables, en ligne et en personne; certains qui collectionnent mes produits, d’autres qui portent mes boucles d’oreilles tous les jours. Je vends maintenant dans des magasins physiques. J’ai vendu dans des marchés locaux. J’ai eu le plaisir de rencontrer mes acheteurs en vrai.
J’ai acquis presque toutes mes connaissances en affaires et en création artistique sur Internet. J’ai visionné d’innombrables tutoriels YouTube, lu des blogs sur l’argile et demandé conseil à d’autres fabricants. Je crois en la communauté plutôt qu’en la concurrence. Je pense que c’est le cas pour la plupart des propriétaires d’entreprise. Cependant, je me fais un devoir d’encourager les créateurs que je consulte, en achetant de leurs produits ou en interagissant dans les médias sociaux. Arriver avec ses gros sabots dans les messages directs d’une personne et demander des conseils sans même un salut peut donner l’impression que vous voulez profiter d’elle (même si là n’est pas votre intention). Faire partie d’une communauté signifie s’entraider, mais pas « être tenu » de donner les connaissances et les compétences que l’on a durement acquises au fil des ans.
On me demande souvent comment j’ai géré la transition de l’art pour m’amuser à l’art pour gagner ma vie et si cela a gâché le plaisir que j’y prenais. J’avoue être très stressée par l’aspect commercial, qu’il s’agisse de l’expédition, du service à la clientèle ou de la tenue de stock. Je ne pratique plus mon art pour me détendre. La ligne entre le travail et le plaisir est devenue floue. Néanmoins, je vis bien avec le stress de la boutique, parce que j’aime tellement ça. C’est mon plus grand rêve, mais même dans un rêve, tout n’est pas toujours parfait!
SOUTENIR L’EXPRESSION DE SOI ET LA COMMUNAUTÉ LGBTQ2S+
Étant moi-même une personne qui s’identifie à la communauté queer, comme une grande partie de ma clientèle d’ailleurs, je suis bien consciente de l’importance du Mois de la Fierté. Il est important pour moi que les gens se sentent la bienvenue lorsqu’ils tombent sur mon site en ligne. Je veux qu’ils sentent que c’est un espace inclusif sûr, sans égard à la race, au genre, à l’identité ou aux capacités.
Pouvoir s’habiller ou se présenter ouvertement queer n’est pas donné à tout le monde. Les personnes de couleur – en particulier les femmes noires trans –, font face à la violence tous les jours parce qu’elles sont fidèles à elles-mêmes; leurs contributions à l’histoire queer ne devraient pas passer sous silence. Juste parce qu’on semble accepter aujourd’hui que des personnes s’habillent queer (ou non binaire) sans être ennuyées, ça ne veut pas dire pour autant qu’on a atteint une réelle libération et liberté. Je me sens extrêmement privilégiée de pouvoir m’exprimer de manière aussi excentrique que je le fais et aider à fournir un moyen à d’autres d’en faire autant.
En l’honneur du Mois de la Fierté, j’ai créé des boucles d’oreilles spéciales : des filets de fruits aux couleurs de l’arc-en-ciel. Une partie des profits de la vente sera versée à Friends of Ruby, un organisme de Toronto qui fournit des ressources gratuites aux jeunes LGBTQ2S+.
Je vous encourage à rechercher des petites entreprises queer en juin – et à longueur d’année – pour témoigner de votre appui au message de la Fierté!
À PROPOS DE L’AUTEUR
Dina Baxevanakis est la propriétaire de Shop Velanidi, une entreprise située à Toronto qui vend les bijoux que Dina fait elle-même. Elle s’inspire de tout ce qui est coloré, farfelu et mignon, ce qui est manifeste dans ses boucles d’oreilles ludiques. Quand elle ne fabrique pas de minuscules aliments en argile, elle écoute de la musique de nostalgie emo, regarde la lutte professionnelle ou câline son lapin/assistant d’atelier, Rocky.
Découvrez Dina et Shop Velanidi à https://msha.k/shopvelanidi/ et à @shopvelanidi.
